« Il va falloir qu’on le prélève, est-ce que vous pouvez attendre dehors ? »
« Il pleure beaucoup mais je ne peux pas le garder tout le temps dans les bras »
« On vous tiendra au courant pour les résultats, rentrez chez vous »
« C’est une petite opération bénigne, il ne faut pas vous inquiéter »
« On n’a pas le choix, il faut le laisser installé comme ça »
D’accord…
Je comprends…
Du moins, j’essaie…
Mais si c’était le vôtre ?
Si cet enfant, ce bébé dont on parle était VOTRE bébé ?
Si cet inconfort, cette intervention, cette angoisse concernait VOTRE enfant ?
Est-ce que vous auriez la même façon de répondre ?
Est-ce que votre exigence de soin, de prise en charge, de réponse attendue serait la même ?
Lorsque j’ai débuté, jeune infirmière puéricultrice, je n’avais pas d’enfant mais je me disais parfois, "ce doit être terrible de supporter ça".
Puis je suis devenue maman et je me suis révoltée pour les autres car en fait, "c’est insupportable de vivre certaines situations".
Et un jour, je suis passée de l’autre côté de la blouse et je me suis dit "heureusement qu’il existe des gens pour entendre ma souffrance et me comprendre dans ce que je vis".
Les personnes que l’on accompagne ne font pas partie de notre famille, les bébés que l’on soigne ne sont pas les nôtres mais prendre le temps de se mettre un peu à leur place permet de guider notre prise en soin.
Il ne faut pas se laisser submerger par l’émotion ou perdre la distance professionnelle nécessaire mais prendre le temps de se demander
« Et si c’était le mien ? »
permet parfois de nous guider dans l’accompagnement que l’on propose.
Nous n’avons pas tous les mêmes besoins, ni au même moment, mais prendre le temps de se poser la question pour la personne que l’on a face à soi permet alors d’ouvrir sa vision et d’envisager d’autres possibilités.
« Et si cet enfant était le mien… est-ce que j’accepterai cette situation ?
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