Protéger l'allaitement : une responsabilité partagée
Dernière mise à jour : 19 oct. 2021
La Semaine Mondiale de l'Allaitement Maternel (SMAM), organisée par la Cofam s'est déroulée du 11 au 17 octobre dernier.
Chaque année, le thème, défini mondialement, permet de réfléchir sur l'allaitement en prenant un peu de recul et en l'observant sous un nouvel angle. Cette année, la SMAM 21 nous proposait d'échanger sur la responsabilité partagée autour de la pratique de l'allaitement. Un thème très important à l'heure où l'allaitement en public entraîne des réactions virulentes et des débats qui n'ont pas lieu d'être...
J'ai donc profité de ces 7 jours pour réfléchir aux différents acteurs qui peuvent devenir soutenant pour la mise en place et le maintien de l'allaitement tel que chaque maman le souhaite : les papas et la famille, les soignants, le monde du travail, la société et les politiques.
J'y ai ajouté 2 situations particulières qui nécessitent un soutien et une protection sans faille : la prématurité et le contexte de deuil périnatal.
Je vous propose de retrouver le fruit de mes réflexions de cette semaine passée, regroupées ci-dessous.
Protéger l'allaitement : les papas

Comment ne pas commencer par eux ? Premier soutien (qui s'ignore) de l'allaitement, le papa est indispensable dans sa mise en place et sa réussite. D'ailleurs des études ont montré l'impact de son engagement sur la réussite de l'allaitement.
Allaiter, ce n'est pas empêcher le père d'être acteur dans l'alimentation de son enfant.
👀 Le papa devient les yeux de la maman qui ne voit plus rien de la position de son enfant quand bébé est au sein (tellement plus difficile encore avec le masque)
✋🏻Le papa apporte la main supplémentaire qui nous fait défaut pour installer le coussin d'allaitement, attraper un bavoir ou aider à l'installation
💪🏻 Le papa peut aller chercher bébé, le changer, le bercer avant/après la tétée pendant que maman se prépare ou récupère
🦸🏻♂️ Le papa est le super héros qui réconforte en toute situation et rassure la maman sur sa capacité à allaiter
👥 Le papa fait front face aux remarques, aux critiques, aux avis extérieurs
Alors oui, les #papallaitant sont INDISPENSABLES ! (Petite dédicace à celui de mes enfants💕).
Comment ne pas commencer par eux ? Premier soutien (qui s'ignore) de l'allaitement, le papa est indispensable dans sa mise en place et sa réussite. D'ailleurs des études ont montré l'impact de son engagement sur la réussite de l'allaitement. Et la famille ? Et bien elle soutient en transmettant les informations pertinentes, fiables et éclairées qui sont à sa disposition. Elle donne l'adresse d'une consultante. Elle écoute mais ne commente pas à tout bout de champ. Et elle chouchoute et aide la maman en respectant ses envies et ses besoins ! Protéger l'allaitement : une responsabilité co-parentale et familiale !
Protéger l'allaitement : les soignants

Après les papas (et la famille) mentionnés hier, les premières personnes qui nous viennent à l’esprit ensuite pour protéger l’allaitement, ce sont les soignants.
Une évidence…et pourtant… pas tant que ça finalement !
J’ose même dire que c’est un peu l’inverse.
Dans leur ensemble, pris comme un tout, les soignants sont bien loin de protéger l’allaitement au quotidien et de nombreux parents peuvent malheureusement en témoigner.
Contradiction, variabilité des discours, des conseils, des recommandations, des protocoles, des accompagnements... Avis divergents entre professions, entre services et aussi parfois au sein d’une même équipe.
Difficultés de mise en place d’un modèle basé sur l’observation et l’individualisation dans un système qui plus que jamais doit répondre à des critères bien éloignés de ceux précédemment cités.
La vérité se trouve plus facilement auprès des soignants qui se sont formés spécifiquement, sont diplômés et réactualisent régulièrement leurs connaissances (#DIULHAM #IBCLC)
En effet, comme pour tous consensus et pratiques de soin, l’accompagnement à l’allaitement maternel ne doit pas laisser la place à un vécu personnel, des croyances, des émotions individuelles.
Il doit s’appuyer sur des faits, des études scientifiques (qui ne seront jamais randomisées par éthique), en conservant en tête la présence de biais, en s’appuyant sur les observations possibles et en prenant en charge chaque couple mère-bébé dans sa spécificité.
Pour que les soignants protègent réellement l’allaitement, il ne s’agit pas uniquement de les former sur 2 jours et les laisser livrés seuls à eux-mêmes ensuite (et aux mamans). Proposer un accompagnement de qualité, c’est accompagner aussi l’ensemble des soignants (quelque soit leur profession) sur le long terme, avec un projet de service(s), un soutien quotidien et la vérification d’un discours commun et cohérent.
Pour se faire, rien de mieux que la certification #IHAB (Initiative Hôpital Ami des Bébés à découvrir ici) qui permet la mise en place pluridisciplinaire de connaissances communes, certifiées et réévaluées.
En tant que soignants, n’hésitons pas à rediriger les mamans vers les professionnels adaptés pour proposer un accompagnement de qualité. N’importe qui ne se permet pas de donner un avis chirurgical, dermatologique ou cardiologique sans la formation adéquat…
Gardons ce réflexe également pour l’allaitement !
Protéger l'allaitement : le monde du travail

Est-ce que le monde du travail n’est pas un peu antinomique avec celui de l’allaitement ?
Lorsque l’on sait qu’une grande majorité des sevrages sont prévus puis mis en place lors de la reprise du travail, on a un peu de mal à envisager un soutien à l’allaitement de la part du monde professionnel.
Malheureusement, pour beaucoup de mamans, allaiter ne semble pas compatible avec une activité professionnelle car elles ne sont pas suffisamment informées sur la possibilité de poursuivre certaines tétées pendant la journée (celle du matin et du soir par exemple). D’autres entament un véritable parcours du combattant avec le tire-lait et la petite glacière cachés au fond du sac, cherchant un moment de calme pour s’éclipser discrètement et un lieu à l’écart qui bien souvent se trouve être les sanitaires…
Elles se retrouvent exposées dans leur intimité, à justifier leurs choix de mère, à s’excuser presque d’un droit reconnu à chacune par le code du travail.
« Pendant une année à compter du jour de la naissance, les mères allaitant leurs enfants disposent à cet effet d’une heure par jour (non rémunérée) durant les heures de travail » (art 44 loi 2019-828) et « un local doit être dédié à l’allaitement si l’entreprise a plus de 100 salariés »
Alors, oui, les entreprises, le monde du travail se doivent de protéger l’allaitement et c’est même un devoir ! Et concrètement ? Déjà, en tant que consultante, on informe que reprise du travail ne signifie pas obligatoirement sevrage. Et puis on accompagne spécifiquement cette reprise du travail, on donne des astuces, on réexplique la physiologie de la lactation, le fonctionnement d’un tire-lait. On rassure, on écoute, on trouve des solutions pour s’adapter à la réalité.
Et puis on sensibilise les entreprises en parallèle. On rappelle la loi, on propose nos services pour accompagner le maintien de cet allaitement dans les meilleures conditions possibles.
C’est souvent de simples détails à ajuster (trouver une salle pour les recueils), des propositions d’aménagement (reprise à distance, pas directement chez le client, modification d’horaires) et un regard général à faire évoluer.
Les femmes ne doivent pas avoir à choisir entre travailler et allaiter, les deux sont compatibles !
Protéger l'allaitement en cas de prématurité

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