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  • Photo du rédacteurMarie

Violences obstétricales

Ce matin, en me réveillant, je suis tombée sur l’émission de France Inter, Interception, qui traitait des violences obstétricales et comme on était dimanche matin et que j’étais bien dans mon lit, j’ai pris le temps de l’écouter en direct.

C’était vraiment très intéressant et c’est la raison pour laquelle j’ai eu envie de vous en parler.


Ce sujet qui semble relativement spécifique et limité aux femmes enceintes est en réalité une problématique bien plus profonde et très complexe qui peut concerner chacun.e d’entre nous..

C’est un sujet qui touche plus largement au corps de la personne (quel que soit son âge ou son genre), à notre capacité d’en disposer comme bon nous semble, même lorsque nous sommes « vulnérables » mais également notre capacité à faire valoir nos droits (Loi Kouchner 2002) après avoir été informé.e de manière éclairée (c’est-à-dire avoir bien compris les explications qu’on nous donne).


Il rappelle aux soignants les nuances entre soigner et imposer, dire et expliquer mais aussi l’éthique de soins qui est attaché à leur métier.

Il interpelle sur les décennies de formations médicales, patriarcales dans lesquelles le soin a souvent pris le pas sur la personne soignée en les dissociant.


Alors là, précisément, on parle des femmes enceintes en train d’accoucher mais on peut déplacer la réflexion plus largement sur toute personne soignée qui se retrouve emportée dans le tourbillon de la médecine.

Même dans la force de l’âge on devient vulnérable lorsqu’on se retrouve dans le siège du patient : on attend, on doute, on angoisse, on ne maîtrise rien, on doit faire confiance. Et selon le caractère de chacun, il faut parfois se faire violence pour oser dire qu’on n’a pas compris, demander au soignant de répéter ou s’opposer à un choix qu’on ne trouve pas forcément judicieux.

Pensons alors à tous les autres…

Les personnes âgées, celles dépendantes ou handicapées, les enfants, les personnes fragiles psychiquement, les personnes étrangères qui ne maîtrisent pas la langue ou tout simplement les timides…


Car oui, en tant que soignants, nous avons d’emblée un « statut » qui ne nous place pas forcément à la même hauteur qu’eux dans le regard des gens à qui nous nous adressons.

Et cela augmente avec le nombre d’années d’études de formation médicale...

A nous de les détromper.

Nous ferons notre métier correctement entre autres si nous sommes capables d’échanger réellement correctement avec nos patients.


Quel que soit son titre, aucun soignant n’est infaillible et accepter de ne pas être à l’abri d’une erreur permet un peu mieux de les éviter.

Oui, nous savons, nous avons étudié mais la médecine évolue ainsi que la connaissance des choses et la façon de les envisager.

C’est pourquoi les consensus, les réunions d’équipe, les partages de savoir, les formations et l’écoute des patients est primordiale.


On m’a appris une règle essentielle : quand tu fais quelque chose en tant que soignant, même si ça fait des années qu’on fait comme ça, que c’est dans les habitudes de service ou les protocoles, prend toujours le temps de te demander :

- Pourquoi tu le fais,

- De cette manière,

- A ce moment-là,

- Pour ce patient précis…


J’y ajoute aujourd’hui la condition supplémentaire :

- Ne le fais pas tant que tu n’es pas certain.e que le patient ait compris ce que tu vas faire.


Aujourd’hui, soigner et accompagner sont indissociables de communiquer !

Et c’est là que s’ouvre une dernière brèche atours de ce sujet de la violence des soignants.


Bien sûr, il y a toujours comme dans toute profession, des personnes qui l’exercent mal et qui devraient être reprises ou blâmées quant à leur manière de travailler.

Mais il y a aussi de plus en plus de soignants malmenés, fatigués, non reconnus, non soutenus, qui travaillent dans des conditions indignes et à qui on ne permet plus de faire correctement leur métier.

Alors, ce n’est pas forcément une excuse, mais expliquer, écouter, parler, ça prend du temps et c’est ce temps si précieux qu’on leur enlève depuis des années sans que ça n’émeuve personne puisque le temps pour expliquer et accompagner…ce n’est pas côté par l’assurance maladie.

C’est la raison de mon départ de l’hôpital.

Parce que je ne voulais pas devenir maltraitante malgré moi.


C’est pour ça que Anna Roy a osé le « Je suis maltraitante » et la campagne qui en a découlé « 1 femme = 1 sage-femme », que les infirmières puéricultrices revendiquent leur spécificité d’accompagnement parental au-delà des soins #jesuisinfirmierepuericultrice, que la médiatisation s’amplifie.


C’est donc un long chemin qui a débuté depuis 7 ans avec le premier #PaieTonUterus mais la route semble porteuse d’espoir avec toutes les personnes qui l’ont rejoint depuis.


Formons, informons, soignants et soignés pour que tout ça évolue et puisse enfin changer !




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