Des bébés, tu en as accueilli un joli nombre depuis que tu travailles.
Des tous petits, des très très gros, des pressés, des retardataires, ceux qui étaient attendus depuis des années, ceux qui arrivent un peu par hasard, ceux qui n’ont pas encore de prénom ou pas encore de famille, le tout premier, le septième, des jumeaux, des triplés, des trop faibles, des en pleine forme, ceux dont la naissance n’est pas une bonne nouvelle ou au contraire inespérée, ceux dont elle est associée à un décès, ceux qui arrivent dans les bras de papa, dans la nacelle poussée par maman, dans une couveuse, avec le SMUR…de toutes origines, de toutes religions, de tous niveaux socio-économiques…
Cela a toujours été une émotion lorsque tu croisais leur regard au moment de les prendre, enveloppé dans un lange, quelques minutes après leur naissance, pour aller les installer dans leur couveuse, leur nacelle ou dans les bras de maman.
Ce sentiment d’être à une place privilégiée, prendre le temps, quel que soit le niveau d’urgence pour leur souhaiter la bienvenue sur Terre, les féliciter de cette arrivée, les rassurer « Tu vas voir, ça va bien se passer, on va tout faire pour et papa et maman ne sont pas bien loin »
Se sentir responsable de ce premier contact en dehors du ventre de maman.
Accueillir une vie…
Au milieu de toutes ces naissances, tu as accueilli les tiens.
A chaque fois différemment, jamais le même contexte ni la même émotion.
Pour le premier, tu t’es sentie plus soignante que maman : tu as aidé l’auxiliaire dont c’était le premier jour et qui était perdue, tu as surveillé la sat du bébé, sa coloration, tu as veillé au peau à peau sur le papa pour que son arrivée soit la plus sereine possible alors que toi, tu savais que tu faisais une complication.
La seconde naissance était un deuil. Une étoile qu’on laisse s’envoler.
Ton expérience t’a aidé à te préparer, décider de ce qui était important, comprendre ce que tu vivais.
De soignante, tu es devenue soignée, tu t’es laissée accompagner.
Et cette déchirure est devenue une force pour mieux soutenir à ton tour lorsque tu es retournée travailler.
La dernière était celle que tu avais imaginé, existante et prenant sa force grâce aux expériences précédentes : un moment magique, intense, à l’écoute de soi et du bébé, connectée au papa, exactement comme tu la souhaitais. L'arrivée de la vie au naturel...
Des naissances qui te font voir les choses avec un angle nouveau pour accompagner celles des autres.
Ensuite, tu as les naissances des enfants des copines, où tu ne veux pas être intrusive mais donner quelques pistes lorsque tu sens que ça peut être aidant.
Une occasion à chaque fois de t’enrichir au contact de la différence de culture, de pratique, du quotidien…
Et enfin, tu as les naissances qui te font devenir tata…
Pas ton bébé à toi mais un peu de ton sang quand même, partage de gènes, de traits du visage ou de fossettes, parfois de prénom…
Émotion profonde, lien qui se crée.
Être disponible mais pas intrusive, transmettre mais ne rien imposer, vouloir proposer le mieux mais être consciente qu’il n’est pas le même pour tous.
Profiter du moment.
Et ne pas avoir besoin de mots pour exprimer son bonheur à son petit frère car certaines choses passent depuis toujours entre nous rien qu’avec le regard…
Bienvenue Judith !
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