Tout a commencé avec cette seconde barre qui est apparue sur le test de grossesse, j’ai su que je « portais » la vie en moi.
Une phrase tellement symbolique, tellement forte dont je ne ressentais pas encore l’effet viscéral.
Quelques semaines plus tard, grâce à l’haptonomie, ce sont mes mains et celles de ton papa qui t’ont accueillies pour la première fois, te sentant te déplacer dans mon ventre au contact de leurs paumes.
Nous avons ainsi commencé à te porter émotionnellement, à t’accompagner tactilement pendant les 2 premiers trimestres de notre grossesse, te sentant de plus en plus présent au fil des semaines jusqu’à ce que tu commences réellement à tambouriner contre la paroi de mon ventre.
Ce portage est devenu plus concret lors des derniers mois de grossesse.
Ceux pendant lesquels on commence à se cambrer, à prendre des coussins pour mieux se caler dans le lit, à soutenir un peu plus son ventre devenu gros ballon encombrant, à le caresser, à le regarder. Porter la vie prend alors plus de sens, surtout sous le regard des autres.
Je ne me sentais jamais seule, je te berçais et cela me détendait en même temps.
Je me suis dit qu’il fallait que je me prépare doucement à cette séparation lorsque le dernier mois de cohabitation a débuté.
La naissance met fin à de longues semaines d’attente et de questionnement.
On se découvre enfin, on se touche, on se respire mais la séparation est brutale pour nous deux après tous ces mois partagés.
Le peau à peau permet de nous retrouver : pour toi mon odeur, le rythme de mon cœur, la cadence de ma respiration, pour moi le ressenti de ton corps qui remue contre le mien.
Je déguste ces moments de partage, de câlins, amplifiés par l’allaitement et les tétées multiples des premières semaines.
Cela m’arrange un peu aussi, j’ai une excuse pour moins te partager avec les autres et cela m’aide à devenir ta maman.
Nous sommes des parents kangourou et comme tu ne dors pas beaucoup, tu es souvent contre nous.
Notre écharpe de portage est prête depuis longtemps.
Moi qui n’ai rien voulu acheter avant le 6ème mois, j’ai fait une exception pour elle.
Elle était déjà dans mes tiroirs avant que je ne sois enceinte.
C’était une évidence…
Je portais déjà des bébés en faisant un nœud avec ma blouse de travail bien avant notre projet d’enfant et j’ai porté en double pendant ma grossesse : toi dedans et eux contre moi lorsque je travaillais.
Je suis certaine que vous communiquiez ensemble d’ailleurs…
L’écharpe était prévue pour les sorties, les promenades et le quotidien à l’extérieur (plus sécurisant, plus pratique, plus protégé des curieux).
Elle est devenue indispensable à la maison et nous a sauvé la vie.
Elle nous a évité de te secouer, permis de continuer à faire l’essentiel de la logistique journalière, aider à vivre ton énergie et ton si petit temps de sommeil…
Te porter nous a appris à te découvrir, à connaître ton rythme, à nous sentir parents, à t’aimer.
Nous nous sommes adaptés à tes envies et à tes compétences au fur et à mesure que tu grandissais : caché contre nous, la tête un peu plus sortie, en transverse pour téter en toute discrétion, puis de face ou à dos pour découvrir le monde et enfin comme soutien de promenades un peu longues pour tes petites jambes.
Quand tu es vraiment devenu trop grand, nous avons arrêté les écharpes mais nous avons continué de te porter : sur les épaules au début mais surtout dans tes découvertes, tes essais et tes projets.
Et aujourd’hui encore, tu as besoin de trouver refuge dans nos bras ou sur nos genoux pour te ressourcer et reprendre des forces.
Aucun souci, nous sommes prêts à continuer de te porter dans la vie autant que nécessaire.
Porter, ce n’est pas infantiliser, ce n’est pas étouffer non plus, du moment qu’on réfléchit à sa pratique et qu’on reste à l’écoute des besoins de chacun.
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