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VOUS LUI AVEZ PARLÉ ?

"Elle était assise à côté de la couveuse, se redressant tant bien que mal sur son siège pour tenter de l’apercevoir, lui si petit, si minuscule au milieu de son cocon, caché dans son lange

au milieu des câbles et des tubulures qui s’entremêlaient sur le matelas.

​

Sans s’en apercevoir, elle calait sa respiration sur le rythme imposé par la machine qui se tenait tout près d’elle.

Elle ne pouvait s’empêcher de sursauter à la moindre alarme, pourtant, elle commençait à les connaître

mais elle ne s’y habituait pas.

​

Le plus étrange, c’était qu’au milieu de tout ce vacarme (qu’elle continuait à entendre une fois rentrée chez elle),

il lui semblait qu’il régnait comme un silence absolu. Ou peut-être était-ce un vide…un manque…


Puis une dame est entrée en blouse blanche pour éteindre un pousse-seringue.

Elle a eu un petit mot doux pour l’enfant en soulevant discrètement un coin du cache couveuse pour le voir.

Elle a alors posé les yeux sur la maman et lui a demandé si tout allait bien.

La phrase était courte et anodine et cependant, la maman a ressenti comme une chaleur intérieure, une douceur qui l’enveloppait et lui redonnait un peu plus d’énergie.

Elle a senti qu’un hochement de tête suffisait pour répondre, sinon, elle risquait de fondre en larmes…

​

La soignante s’est alors approchée d’elle. Elle a fait descendre la couveuse pour la mettre à hauteur du fauteuil et des yeux de la maman et a écarté un peu plus le tissu qui la recouvrait, juste ce qui suffisait à maintenir un peu de pénombre à l’intérieur mais aussi de mieux voir l’enfant.


« Vous lui avez parlé ? » a-t-elle demandé comme si c’était naturel.

« C’est vrai que ce n’est pas évident au début, surtout quand nous, on est à côté » s’est-elle reprise dans un grand sourire. « En attendant, n’hésitez pas à lui fredonner des berceuses, des chansons que vous aimez, des mélodies qui vous trottent dans la tête. Ça lui fera un bien fou. Promis, je ne vous écoute pas » a-t-elle conclu avec un clin d’œil en refermant la porte derrière elle.


Lui parler ? Ah oui, pourquoi pas…

C’était peut-être ça le silence caché dans ce bruit incessant… Cet échange si difficile à amorcer…

Mais que dire sans se mettre à pleurer ?

​

Elle allait commencer par fredonner doucement en attendant que les mots réussissent à sortir plus facilement.

Et déjà, elle se sentait un peu plus vivante à rechercher au fond de sa mémoire des berceuses de son enfance."

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