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L'INTERPHONE

J’ai pris de tes nouvelles par téléphone dès que je me suis réveillée ce matin

et mon cœur a pu reprendre un rythme normal lorsque j’ai entendu que tout allait bien

et que tu avais passé une bonne nuit.

​

Cela m’a permis de me préparer sereinement, de prendre un petit déjeuner

et de régler quelques bricoles pour la maison avant de rassembler mes affaires

pour venir te rejoindre et passer la journée avec toi.

​

Je connais le trajet par cœur, je le fais depuis tellement de jours maintenant.
Je peste pour me garer, comme d’habitude.
Les portes coulissantes s’ouvrent devant moi, je salue la dame derrière son guichet,

c’est devenu un rituel, et j’entre dans l’ascenseur qui me mène à toi.
J’avance dans le long couloir, l’esprit léger et puis je me retrouve face à lui, face à son œil rond

et brusquement, je sens une chape de plomb tomber sur mes épaules…

​

L’interphone…

​

Ce bouton pour m’annoncer, pour qu’on m’ouvre la porte du vestiaire,

pour qu’on « m’autorise Â» à entrer dans l’unité pour te voir.
Je ne sais pas pourquoi mais j’en suis venue à le détester, à haïr ce moment d’attente

et cela m’obsède de plus en plus au fil des jours.

​

Patienter est interminable.


Cela me tort le ventre.


Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer que de l’autre côté de la porte il se passe quelque chose de grave,

que personne n’est disponible pour m’ouvrir car il y a un problème avec toi…

C’est insupportable et même si je sais que cela ne dure jamais plus de quelques minutes,

c’est suffisant pour laisser mon esprit tomber vers les pires abîmes.


Je ne réussis plus à me raisonner.

Alors mon angoisse se transforme en incompréhension puis en véritable colère…
De quel droit dois-je demander une autorisation pour entrer voir mon bébé ?
Comment peut-on laisser attendre des parents derrière une porte,

réguler leurs venues, leur imposer ce protocole ?
Cela a-t-il seulement un sens, une utilité précise ?
Y aurait-il des choses à cacher pour être obligé de s’annoncer ainsi à chaque fois ?

​

Finalement, la voix de l’infirmière me fait sursauter.
Je souris en reconnaissant celle qui m’accueille aujourd’hui mais parfois,

le fait de devoir encore décliner mon identité devant la caméra m’agace profondément.

​

L’ouverture de la porte se déclenche et d’un coup tout mon ressentiment s’efface :

je vais te retrouver et rien d’autre ne compte plus pour moi !

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