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Photo du rédacteurMarie

Le lange

Au tout départ, il servait à « langer », c’est-à-dire de couche pour les bébés lorsque celles jetables n’existaient pas encore.

D’ailleurs, on le désignait également sous le terme de couche de tissu.

C’était tout un art de pliage et de savoir-faire pour que le tout reste bien en place, fixé par une épingle nourrice, et ne fuit pas.

Un calvaire pour les mères mais également pour les enfants qui ne devaient plus trop pouvoir bouger par la suite… Ils étaient d’ailleurs langés avec d’autres couches de tissus supplémentaires par-dessus, technique culturelle encore beaucoup utilisée pour faciliter le sommeil du bébé.


Les langes ont été un peu remisés dans les placards lorsque la modernité et l’usage unique sont entrés dans la vie des jeunes mamans mais ils reviennent en force sur le devant de la scène depuis quelques années, comme des incontournables en puériculture.


L’occasion aujourd’hui de parler un peu plus en détails de ce petit bout de coton carré qui m’est devenu indispensable dans la prise en charge des nouveau-nés et particulièrement des prématurés.


Le lange est utilisé à la base pour se protéger d’un éventuel rejet après une tétée. On le place sur son épaule au niveau de la bouche du bébé au moment du rot.

Par tradition, il est en coton et blanc (on les faisait bouillir à l’époque des couches pour bien les nettoyer et enlever les tâches).

Depuis une dizaine d’année, il est devenu plus coloré, à motifs, d’épaisseurs différentes, plus ou moins grand, bio, parfois en bambou mais toujours aussi doux, qualité essentielle à mon sens lorsqu’on le choisit.


C’est la première chose que je demandais aux parents d’apporter pour leur bébé prématuré. Pour y laisser l’odeur maternelle s’imprégner et offrir ainsi au nouveau-né une continuité olfactive entre le milieu in utéro et la vie extérieure.

Garder le lien avec sa mère, quelle que soit la distance. Et inversement au moment du changement de lange, offrir à maman l’odeur de son bébé pour la ramener avec elle à la maison (facilitatrice de montée laiteuse, sécrétrice d’ocytocine).


C’est d’ailleurs quelque chose que je recommande également pour le bébé né à terme pour l’aider à se séparer en douceur des bras et de l’environnement maternel sécurisant, au moment où il retourne seul dans son berceau.

Installer un lange sous sa tête avec l’odeur de maman, bien à plat et bordé sur les côtés du lit.

Il a également la double utilité, dans ce cas-là, de permettre de ne changer que le lange et pas tout le lit lorsqu’il y a un rejet pendant le sommeil.


En plus d’apporter au bébé prématuré l’odeur de sa mère, le lange va nous permettre de l’envelopper et de le regrouper. Positionnement hautement recommandé par la philosophie des soins de développement.

Lui offrir la possibilité de se rassurer lui-même et d’éviter toute déstructuration dans des mouvements involontaires et non dirigés.

Le soignant essaiera de toujours conserver un maximum cet enveloppement pour le confort de l’enfant dans l’ensemble des soins qu’il lui prodigue : toilette, bain, prélèvement ou soin douloureux, pesée, mobilisation pour le mettre en peau à peau.


Envelopper dans un lange, c’est aussi border l’enfant prématuré et lui permettre de conserver plus de chaleur, ce qui est essentiel pour sa croissance pondérale.

Il se réchauffe donc plus vite après les soins, pendant la pesée, le bain ou lors de l’installation en peau à peau.


L’observation des bains enveloppés et de la détente des enfants qui le pratiquent montrent combien un simple carré de coton peut changer le vécu d’un soin (autant pour le bébé que pour ses parents et le soignant présent).

Cette pratique du bain enveloppé se démocratise de plus en plus, même pour les bébés nés à terme dans les premières semaines de leur vie et permet à beaucoup de parents de profiter plus sereinement de ce moment depuis qu’il est pratiqué de la sorte.


Le lange reste également un allié principal dans l’aventure de l’allaitement.

Il offre un peu plus de discrétion et de pudeur aux mamans qui recueillent leur lait dans des chambres multiples à l’hôpital, puis lors des premières mises au sein pendant lesquelles on peut se retrouver exposée au regard des autres.

Il reste utile, même lorsque les tétées deviennent habituelles et plus faciles avec un enfant plus grand, lorsqu’on ne possède pas de tee-shirt spécifique d’allaitement et que l’on nourrit son bébé dehors, partout, tout le temps…

Il s'utilise alors également comme serviette pour essuyer le lait.


Chacun a sa propre histoire et son utilisation personnelle du lange.

Il peut servir de protection contre le soleil coincé dans une fenêtre de voiture ou accroché à un landau, de tapis de change pour éviter le plastique d’un matelas, de protection pour poser bébé par terre lorsque ce n’est pas très propre, de serviette de table grandeur XXL, de contenant pour emballer le linge sale ou les jeux…


Et lorsqu’il a été bien utilisé, lavé, qu’il est moins coloré mais infiniment plus doux, il devient parfois doudou principal malgré les innombrables peluches à disposition pour remplir ce rôle…

Ce sera alors lui qui accompagnera la séparation au moment du premier accueil chez la nounou, à la crèche ou lors de la rentrée en maternelle.


Il est si petit lorsque je le découvre et il semble tellement perdu et vulnérable dans sa couveuse…

Je demande à l’infirmière : « Il a besoin de quoi ? »

« De vous… et d’un lange avec votre odeur »




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